« Tous les jours nous mettons en lumière, le petit coup de projecteur qui va bien sur les entreprises franciliennes, et ce vendredi, un centre d’appel pour faciliter la vie des personnes sourdes pour leur permettre d’accéder aux services clients dont elles ont besoin.

Et on est en ligne ce matin avec le directeur général de Deafi. Bonjour William Debureaux. Vous proposez aux personnes sourdes d’avoir accès un centre de relation client adapté. Concrètement, je suis sourde ou malentendante, comment ça marche ?

C’est tout simple, la personne sourde qui a besoin de contacter une marque, quelle que soit la marque qui s’est rendue accessible, se rend sur le site internet de cette marque, elle se rend dans la rubrique contact comme n’importe quel client ferait et à côté des accès avec un numéro de téléphone et un email, il y aura un accès pour pouvoir appeler en webcam et directement en langue des signes française. Notre approche par rapport à ce service, il a été défini dès la création de la société sur la volonté que ce soient des vidéo-conseillers clients sourds, qui répondent en direct aux clients sourds. Le besoin de ces clients, c’est de pouvoir contacter en direct dans leur propre langue avec un conseiller qui partage également la même culture et la même approche des problématique ou besoin, auxquelles sont confrontés le conseiller client sourd et le client sourd.

Ça veut dire qu’il tombe directement sur un conseiller formé par Deafi ?

Exactement, on les forme tout d’abord au métier de la relation client et au métier de la marque pour lesquelles ils travaillent. Ce choix d’avoir des conseillers clients vient d’une double approche, la première en termes de satisfaction utilisateur et la deuxième qui est plus une approche sociétale puisqu’aujourd’hui, 35% des personnes sourdes, qui communiquent en langue des signes française, sont sans emploi. Et notre approche, c’était de leur permettre d’avoir un emploi mais surtout un métier dans un environnement bienveillant où ils peuvent communiquer dans leur langue et aujourd’hui dans notre entreprise, sur les 70 salariés qui composent notre société, il y’en a plus de 50 qui sont sourds.

Effectivement, c’est à peu près 80% des travailleurs que vous employiez qui sont atteints de handicap. Vous avez combien de marques, d’entreprise en face qui ont un service client accessible via votre service ?

Aujourd’hui, on travaille avec un peu plus de 100 marques, qui sont dans des secteurs variés mais majoritairement dans les télécoms, l’énergie ou la banque assurance.

Concrètement, est-ce que vous voyez une évolution, est-ce que y a de plus en plus de grand groupe qui se mettent  à rendre leur service accessible, est-ce qu’il y a du mieux ?

Oui bien évidemment, on a démarré en 2009 et il n’y avait rien d’accessible à ce moment-là, on a fait partie des précurseurs. Il y a de plus en plus d’entreprises qui se sont rendues accessible en voyant le réel besoin pour leurs utilisateurs sourds. Puis en 2018, il y a eu un vrai coup de pouce avec l’article 105 pour une loi pour une république numérique qui contraint les entreprises qui font plus de 250 millions de chiffres d’affaires, à se rendre accessible pour les personnes sourdes ou malentendantes. Tout n’est pas encore accessible, le chemin est encore long mais on y arrivera. De toute façon, c’est pour le bien des utilisateurs sourds mais également des entreprises, car c’est dans leur intérêt de pouvoir communiquer avec tous leurs clients.

Merci beaucoup William Debureaux, je rappelle que vous êtes le directeur général de Deafi, basé à Montreuil, pour permettre de rendre accessible les services clients aux personnes sourdes ou malentendantes. « 


Interview réalisé par Morgane Heuclin Reffait, pour la chronique la Nouvelle Echo diffusé sur France bleu le vendredi 28 avril 2023.